Quatrième pays et un regard qui grandit toujours plus
- Vic & Coco
- 13 juin 2019
- 11 min de lecture
Après nos trois incroyables mois passés en Thaïlande, en Birmanie et au Laos, c’est désormais au Cambodge que nous posons pied en ce début mai pour un mois supplémentaire sur le beau sol asiatique. Suite à la découverte de la riche gastronomie thaïlandaise, de l’authenticité birmane et des incroyable paysages naturels du Laos, nous étions impatients de voir ce que le Cambodge allait nous réserver... et nous n'avons pas été déçus, c'est peu dire !


Notre voyage commença sous les chapeaux de roues avec le passage par la frontière terrestre Laos-Cambodge, réputée comme étant la plus corrompue au monde. Nous nous étions donc renseignés et préparés en conséquence dans l'espérance de pouvoir éviter toute arnaque et de nous en sortir les moins dépouillés possible… Malgré tout, nous avons rapidement compris que c’était peine perdue, qu’ils sont de toute manière en position de force et qu'ils peuvent simplement ne pas nous laisser passer ni ne nous délivrer de visa si l’on émet quelque résistance. Un tampon par-ci a 2 dollars, un service « obligatoire » par là à 3, un visa tout d’un coup 5 dollars plus cher que prévu… ça fait vite 20$ de perdu… dans les mains de ces escrocs! Nous qui étions depuis peu dans une dynamique d’économisation (cfr. Post précédent), ça commençait bien ! Mais bon, on relativise (comme souvent) et on se dit que personne n’a pu y échapper et que ce n’est « que » de l’argent, il ne nous est rien arrivé de grave ! L’attente fut très longue, plus de 4 heures 30 sous une chaleur écrasante à attendre le bon vouloir des douaniers.
Alors oui, nous avons dû garder notre sang froid à plusieurs reprises (ce que plusieurs voyageurs n’ont visiblement pas réussi à faire cette fois-là…) devant ces officiers (des militaires en plus!) stoïques et sans état d'âme. Dans notre "malheur", nous avons quand même rencontré de belles personnes et c’est une chose qu’on aime par dessus tout dans notre voyage. On se souviendra ce jour-là de ce couple de français qui nous ont offert tout l’argent qui leur restait du Laos (ce qui nous a permis de nous en sortir) avec comme mot de fin : « gardez votre sourire les belges, vous êtes géniaux ! ». Ou encore cet autre couple avec qui nous avons joué aux cartes durant notre attente, et que nous avons revu plusieurs fois au Cambodge par la suite… nous sommes toujours en contact, un mois après !
Nous parvenons finalement tant bien que mal à récupérer nos visas et à nous rendre dans le village le plus proche : Stung Treng, situé à une soixantaine de kilomètres de là. C’est une étape où d’habitude personne ne s’arrête, préférant directement se rendre dans les grosses villes du Cambodge comme Siem Reap ou Phnom Penh. Comme nous boycottions les bus depuis peu, nous avons décidé de nous y arrêter la nuit pour pouvoir commencer l'auto-stop dès le lendemain matin. Contre toute attente, nous avons beaucoup apprécié cette petite ville chaleureuse où nous étions seuls touristes. Dès notre arrivée, le contraste avec le Laos fut frappant : les locaux n’arrêtaient pas de nous sourire et nous proposer leur aide, ce qui nous a très vite mis à l’aise (chose que nous avions pris plus de temps à faire au Laos). Ce soir-là, nous avons d'ailleurs dîné à trois ! Oui, à trois, avec le boss allemand du restaurant qu’il tenait avec sa femme cambodgienne et dans lequel nous dînions. C’était trop marrant, il s’est assis à notre table pour prendre les commandes mais ne s’est jamais relevé, préférant passer la soirée à papoter avec nous et nous raconter sa vie, du haut de ses soixante-cinq ans hahah. Encore une chouette rencontre !
Le lendemain, comme prévu, nous avons pris la route direction l’ouest pour Siem Reap, la ville d’Angkor Vat. Déterminés à payer le moins possible pour nos déplacements, nous avons décidé de rejoindre le gros axe routier aux portes de la ville (point stratégique pour le stop) à pied. « MapsMe », l’application que nous utilisons depuis le début du voyage pour les cartes, nous indiquait alors 2 kilomètres. Si on raconte tout ça, c’est que vous vous doutez bien que cela ne s’est pas passé comme prévu... ça aurait été trop facile ! Nous avons eu la bonne idée d’emprunter LE fameux raccourci (qui n’en est pas un du tout au final), ce qui nous a malencontreusement conduit à « la route de la mort » comme on l’a appelée par après. De faite, on s’est retrouvés après nos 2 kilomètres présumés sur une route de terre dans un paysage presque désertique, aride et sans un chat à l’horizon, le tout sous plus de 47 degrés avec nos gros sacs sur le dos. Les 2 kilomètres se sont transformés en 6, alors que des litres de transpiration coulaient abondement sur nos braves petits corps meurtris par cette épreuve. Les larmes d'épuisement rencontraient celles de sueurs sur nos joues rougies par le soleil, alors au zénith.

C’est donc totalement liquéfiés que nous sommes arrivés sur la route principale où il fallait encore avoir le courage de faire du stop pour 300 kilomètres… On l’avait voulu, alors on ne s’est pas démontés et on a bataillés pour arrêter une voiture, armés de notre petit panneau « Siem Reap » écrit en khmer. L’aventure après tout ! Ce jour-là, c’est seulement en deux voitures que nous avons réussi à atteindre la ville de Siem Reap, en début de soirée. Le premier à nous avoir pris, adorable, nous a offert des boissons fraiches tandis que le deuxième, l’arrière de son pick-up pour 250 kilomètres, trajet durant lequel tout le monde nous saluaient en souriant, probablement surpris de la situation. Déjà très agréablement surpris par nos contacts avec la population !
En arrivant en ville, cela nous a fait du bien de retrouver cette ambiance animée que nous n’avions pas eue depuis plus de 2 semaines à voyager dans les campagnes laotiennes. Siem Reap est la ville la plus proche des temples d’Angkor, un des plus grands joyaux du Cambodge, ce qui fait d’elle un passage obligé. Les cambodgiens sont d’ailleurs très fiers de cette héritage monumental ! On retrouve Angkor Wat dessiné jusque sur le drapeau cambodgien-même !
Une chose que nous voulions expérimenter depuis le début est le « Couch Surfing », une plateforme qui vise à mettre en contact des hôtes et des voyageurs, tous deux en recherche de rencontre, de partage et d’ouverture sur le monde, le tout totalement gratuitement! Nous trouvons ce concept génial car il permet de se plonger dans la culture locale, de vivre de superbes expériences et de rencontrer de près la population, le tout sans aucune motivation financière mais avec pour seul désir un enrichissement personnel des deux côtés. Nous avions déjà essayé dans le passé mais sans grande conviction ni résultat. Par contre cette fois-là, nous étions déterminés, persuadés que cela pouvait nous apporter beaucoup et notre persévérance paya. On reçut une réponse positive quelques jours plus tard de Tram, un jeune cambodgien d’une trentaine d’année qui avait déjà accueilli un voyageur chez lui (ce qui nous rassura directement) et qui nous invitait quelques jours. Génial !!

Cette expérience s’est alors avérée être beaucoup plus intense que prévue et vraiment incroyable. Tram nous a réservé un acceuil incroyable chez lui et nous a tout donné alors qu’il n’avait lui-même rien. Nous avons découvert un jeune homme réservé, touchant, d’une incroyable gentillesse mais surtout tellement attachant. Il vit en périphérie de la ville, dans une petite cabane de taule, sans portes, avec des bâches comme fenêtre et un terrain vague comme « jardin ». Sans douche, toilette ni cuisine, il se rend tous les jours chez son « frère de cœur », un ami qui habite deux maisons plus loin, pour garder un semblant de dignité au quotidien. C’est là que nous avons passé nos soirées et nous sommes douchés, entourés de la famille de son ami qui a deux petites filles de 1 et 4 ans. Par « doucher », on comprend le faite de se laver, car il n’y a pas de douche dans les maisons cambodgiennes ! C’est au bol et dans l’arrière cours que nous nous sommes lavés, vêtus du tissu traditionnel avec lequel ils se lavent (en effet, pas question se de laver nus !)

Nous qui voulions nous éloigner de notre zone de confort, nous voilà servis ! C’est seulement pour la nuit que nous venions dormir chez Tram, où il insistait pour nous laisser son lit et dormir à même le sol à côté. Il voulait qu’on se sente le mieux possible et faisaient beaucoup d’efforts en anglais pour nous expliquer les choses… un brave homme Tram, à étudier en plus de lui-même le mandarin, déterminé à pouvoir communiquer avec le plus de monde possible.
Il écrivait d’ailleurs sur sa fiche descriptive de Couchsurfing que c’était un homme heureux, et qu’il n’avait qu’un seul désir : transmettre ce bonheur aux autres et le partager... Dur de résister à l'envie de le rencontrer !
Nous avons donc passé une première nuit chez lui, la veille de notre visite des Temples d’Angkor situés à quelques kilomètres de là. La soirée fut incroyable, nous l’avons passée entourés de la famille de son « frère » et de plusieurs de leurs amis à papoter autour de la table ronde devant leur petite maison. La plupart ne parlant pas un mot d’anglais, c’est Tram qui jouait les traducteurs pour nous permettre d’interagir tous ensemble.
Au menu ce soir-là : poulet fraichement tué et cuit devant nos yeux, accompagné de l’irremplaçable riz et de quelques assaisonnements toujours bien épicés. Miam ! On s’est régalés ! Nous ne nous sommes cependant pas éternisés après le repas car nous devions nous lever très tôt le lendemain matin pour notre journée à Angkor Vat.
C’est donc sous les coups de 4 heures de matin que nous avons ouverts nos petits yeux encore bouffis de sommeil, après une courte nuit à même une planche de bois (faisant guise de matelas) et quelques moustiques assoiffés, s’étant faufilés avec nous dans la moustiquaire. Nous avions loué des vélos la veille en ville, motivés à tout faire à la force de nos jambes et surtout à continuer dans notre lancée d’économisation. Hop, vélos enjambés et sacs sur le dos, nous partions pour les 8 kilomètres qui nous séparaient des portes du site archéologique sous la (presque) fraicheur matinale. Évidemment, ça n’aurait pas été drôle si ce trajet s’était déroulé comme prévu ! A privilégier le prix (2$/journée comparé à 20$ pour un tuktuk !), nous avons sélectionné des vélos de qualité approximative et ce n’est pas plus d’1 kilomètres après être partis qu’une des roues de Victoire creva. Et pour trouver un réparateur ou même simplement une pompe à 4h20 du matin, autant dire que c’était mission impossible… mais inimaginable d’abandonner, le sunrise sur le plus beau temple au monde nous attendait ! Alors on mord sur sa chique et pousse sur les gambettes jusqu’à trouver une solution ! Puis on peut aussi remercier les chiens errants rencontrés sur le chemin qui n’avaient pas vraiment l’air de nous apprécier et qui nous ont fait avancer à double allure, sueur au front… C’est finalement vers 4h45, 10 kilos en moins et complètement trempés que nous arrivons devant les portes d’entrés du site, tout pile pour le lever du jour. Nous trouvons par total hasard une échoppe munie d’une pompe à vélo et regonflons la roue plate, rassurés de pouvoir continuer la journée avec nos montures. Billets (à 37$/personne..) contrôlés, vélos attachés et sueur essuyée, on s’en va pour découvrir le clou du spectacle : le sunrise sur Angkor Vat. Nous découvrions minutes par minutes les traits de ce temple majestueux se dessiner devant nous, doucement éclairé par les couleurs chaudes du soleil-levant. Un moment unique, magique.

Des étoiles plein les yeux, nous reprenons alors nos bécanes pour débuter la visite du site archéologique le plus grand au monde : plus de 1000 kilomètres carrés ! Pernicieux que nous sommes, nous avions décidé d’avance de réaliser le tour inverse de celui que font la plupart des gens afin d’espérer ne pas se retrouver dans la masse des 20 000 visiteurs que compte le site par jour (donc plus de 6 millions/an !). Opération réussie ! Grâce à notre ruse, nous nous sommes retrouvés la plupart du temps presque seuls à pouvoir contempler les magnifiques ruines d’une époque perdue. Déchue du titre de capitale de l’empire khmer au 15esiècle, la ville d’Angkor Vat a rapidement été vidée de sa population et laissée à l’abandon. Ce n’est que 400 ans plus tard, au 19esiècle, que des archéologues l’ont retrouvé, alors complètement ensevelie sous la végétation d’une nature ayant pleinement repris ses droits. Au fur et à mesure que nous découvrions les temples, nous retournions un eu plus en arrière dans le temps, comme s’il s’était arrêté depuis plusieurs siècles. On ne comptait pas nos efforts pour en voir toujours plus, évoluant pourtant sous une chaleur étouffante (plus de 45 degrés !). A 10h30 du matin, le compteur nous signalait déjà 15 kilomètres de marche parcourus et à midi, nous étions à 30, sans compter les distances à vélo. Nous avons finis notre boucle sous les coups de 13h30 et retournâmes alors au temple principal, Angkor Vat que nous n’avions pas encore visité. On y rencontra d’ailleurs un ami que nous nous étions faits deux mois plus tôt au Myanmar à notre projet de volontariat ! Incroyable coïncidence ! A ce moment-là, aussi improbable que cela puisse paraître, nous étions presque seuls dans le temple le plus connu au monde. Tout le monde s’était en effet réfugiés dans les restaurants aux alentours pour éviter la chaleur… mais pas nous hehe ! A cette heure là, nous étions déjà debout depuis plus de 11 heures et la fatigue commença a se faire sentir.

Nous sommes donc repartis vers 15 heures pour passer le reste de l’après-midi à se reposer dans notre café préféré de Siem Reap où nous avions déjà passé de longs moments (Oui, on a remarqué que quand nous apprécions un lieux, nous ne le lâchons plus !). Nous avons alors passé notre dernière nuit chez Tram, après 4 jours à Siem Reap. Ce soir-là s’est terminé en karaoké dans le champ d’en face, dansant et chantant jusque tard dans la nuit. Ce fut une soirée géniale, où la barrière de la culture et même de la langue s’est effacée pour faire place à une belle complicité.
Le lendemain matin, nous voilà à nouveau en route direction Battambang, une petite ville plus au Sud. Par chance, le frère de Tram était tuk-tuk (surprenant me direz-vous..) et nous a emmené pour moindre coût aux portes de la ville pour qu’on puisse commencer l’auto-stop. Après 5 minutes, nous étions déjà dans le pick-up d’un gentil Monsieur qui avait accepté de nous avancer pour 200 kilomètres. Il parlait bien anglais et comprit tout de suite les motivations de notre activité « d’auto-stopping », peu courante là-bas : "nous sommes étudiants et n’avons pas beaucoup de moyens". Après avoir un peu papoté, il nous proposa de nous accueillir chez lui, de partager le repas ensemble, de nous loger et même de nous offrir une petite contribution pour le reste du voyage ! On est restés bouche-bée, ne sachent pas quoi répondre à tant de gentillesse de la part d’un monsieur qui, de base, vit dans de moins bonnes conditions que nous. Ne voulant pas modifier le planning à ce moment-là, et puis surtout trop gênés par sa proposition, on refusa poliment après l’avoir grandement remercié. Et comme si nous n’avions pas déjà été assez gâtés, le deuxième stop de la journée fut une petite famille tout aussi incroyablement bienveillante. Ils nous offrirent tout ce qu’ils venaient d’acheter au marché, voyant probablement que nous avions faim (on avait du skipper le repas du midi..) et firent tout leur possible pour communiquer avec nous (on ne remerciera jamais assez Google Traduction durant notre voyage). Le sourire jusqu’aux oreilles durant tout le trajet, ils paraissaient tellement heureux de nous aider et étaient attentifs à nos moindres faits et gestes pour espérer en faire plus et nous faire plaisir. Arrivés à destination, la mère de famille sortit de la voiture et revint quelques instants plus tard m’offrir (Victoire) des fleurs qu’elle venait de cueillir, probablement en signe de bénédiction. J’en eu des frissons tant leur gentillesse était bouleversante.
On passa 3-4 jours à Battambang, une petite ville tranquille, authentique et accueillante. Bien posés dans un hôtel à moindre coût, on eut du mal à nous remettre en route ! Là-bas, on osa proposer pour la première fois nos services de photographie à l’hôtel, espérant économiser grâce à cela quelques petits dollars. « Me, droner pro and my friend photographer… », c’était pas le culot qui manquait haha ! Et « qui ne tente rien, n’a rien » : ce fut une totale réussite !! 5 photos de drone plus tard et mois d’une heure de retouches, on obtenu 40% de réduction sur la note totale du séjour (3 nuits et plusieurs repas), 30$ en tout, ce qui n’est pas négligeable dans notre voyage ! Ca y est, ça marche et les « clients » sont ravis ! Ce qui est sûr, c’est qu’on allait pas s’arrêter là !

Rendez-vous au prochain poste pour la suite de notre périple au Cambodge !
Asiatiquement vôtre,
Coco & Vic
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